ETUDE DE FAISABILITE DE NOTRE PROJET "Hygiène et Assainissement pour l'école primaire de Kiendsom"

COMPTE-RENDU DE L’ÉTUDE DE FAISABILITÉ 

de notre projet : Hygiène et Assainissement / Développement agricole à l’École de Kiendsom 

par Samuel Kalaydjian et Thomas Veit

I. Introduction :

L’association « Un Pont Pour Un Puits (UPPUP) » intervient dans le village de Kiendsom, au Burkina Faso, pour améliorer le cadre de vie de la population rurale. Kiendsom est un village situé dans la commune de Boulsa, dans la province de Namentenga, dans la région du Centre Nord.

Suite à la visite de Christophe Fornès (Président de l’association UPPUP) à Koassanga, pour une rencontre « assainissement et sécurité alimentaire », une réflexion a été engagée par l’association UPPUP sur ce thème. L’objectif étant de vérifier qu’une transposition du processus d’assainissement EcoSan est possible à Kiendsom. Dans un premier temps, il a été décidé de circonscrire le projet à l’école primaire de Kiendsom.
Le Président de l’association « Un Pont Pour Un Puits », à Koassanga, lors de sa participation, en novembre 2014, à l’atelier de restitution « champs-tests EcoSan, campagne agricole 2014 ».
 
L’assainissement EcoSan (Ecological Sanitation) est une solution intéressante à plusieurs titres, elle permet d’atteindre plusieurs objectifs :
  • Assainir
  • Utiliser les sous-produits des latrines (urines et fèces hygiénisés) en agriculture
  • Protéger l’environnement
  • Mettre en œuvre des pratiques permettant de participer à la lutte contre le changement climatique

II. Objectifs de l’étude :
  •  Présenter, l’ensemble des processus EcoSan (assainissement familial et public), à une délégation de représentants de l’école primaire de Kiendsom,
  • Expliquer les avantages et inconvénients du processus EcoSan 
  • Vérifier la motivation des enseignants et des parents d’élèves,  
  • Contrôler la nature des sols avant la mise en place d’un champ-école, 
  • Vérifier la nature des sols pour une éventuelle extension du projet à l’ensemble du village, 
  • Déterminer le niveau de connaissance et de compétence, de la population, dans le domaine de l’agriculture, 
  • Déterminer l’emplacement des latrines publiques de l’école de primaire de Kiendsom.

III. Méthodologie :

Il a été convenu entre les différents acteurs du projet :

Présentation du processus à la délégation – explication « avantages-inconvénients » :
Une visite « in situ », de 3 jours, est organisée afin de familiariser la délégation de représentants de l’école primaire de Kiendsom avec les processus d’assainissement écologique. Les différents impacts dans le domaine de la santé, de l’agriculture et de l’environnement sont présentés à la délégation.


Visite de champs cultivés avec les sous-produits des latrines. Les cultivateurs témoignent de leur expérience EcoSan.Un cultivateur présente à la délégation son champ de sorgho.

  Les échanges se font lors de la visite de champs céréaliers, de ménages bénéficiaires de latrines ainsi qu’en rencontrant les animateurs assainissement du village. 




Une technicienne de la DPARHASA (Direction provinciale de l’agriculture, des ressources hydrauliques, de l’assainissement et de la sécurité alimentaire) présente à la délégation un champ-test (blocs de Fisher).
Le propriétaire du champ est présent, il explique l’intérêt de ce type de test 
et les bénéfices qu’il en retire.

La rencontre à l’école primaire de Koassanga permet de comprendre le mode de gestion des latrines, l’implication des élèves, des parents d’élèves et des enseignants. La formation des élèves à l’utilisation des sous-produits des latrines en agriculture (champ-école). La délégation a directement posé les questions aux enseignants, aux parents d’élèves et aux élèves.



Une réunion avec quelques représentants de la population du village de Koassanga permet à la délégation de poser toutes les questions qui n’avaient pas été abordées lors des rencontres sur le terrain.

Réunion avec quelques représentants de la population (Président du Comité Villageois de Développement, le secrétaire de l’Association des Usagers de l’Eau, etc.), des formateurs « assainissement EcoSan », des animateurs « assainissement EcoSan », des gestionnaires de centres d’hygiénisation, des formateurs « agriculture EcoSan ».
La rencontre avec des gestionnaires de centres d’hygiénisation des urines ainsi que des gestionnaires de latrines publiques EcoSan permet à la délégation d’appréhender les différentes activités afférentes aux processus « latrines EcoSan ».


Visite d’un des centres d’hygiénisation du village de Koassanga. Le gestionnaire du centre d’hygiénisation explique le fonctionnement et les règles d’hygiène à respecter.



Au terme de ces 3 jours, la délégation doit être en mesure de donner un avis pour l’adoption, ou non, de la technologie EcoSan pour l’école primaire de Kiendsom.


Visite des d’infrastructures dédiées à l’assainissement EcoSan. Les animateurs « assainissement » du village de Koassanga montrent les équipements et matériels stockés. La délégation découvre les fèces, provenant des latrines EcoSan, conditionnées en sac de 50 kgs.  


Si la technologie Ecosan est validée par les membres de la délégation : 

  • Des formateurs EcoSan se rendent à l’école primaire de Kiendsom pour échanger avec les enseignants qui ne sont pas venus à Koassanga. Ils valident avec les enseignants et les parents d’élèves le chronogramme des activités jusqu’à la fin de l’année scolaire (juin 2016). Ils visitent les installations afin de vérifier la possibilité d’installer des latrines EcoSan à l’école. L’ensemble des échanges doit permettre aux formateurs de vérifier la motivation des enseignants et des parents d’élèves.
  • Des pédologues sont chargés de déterminer les différents types de sols présents dans le village de Kiendsom. L’objectif est de vérifier que les intrants EcoSan auront un impact sur les rendements agricoles. Les pédologues bénéficient de l’appui de la population afin de se rendre jusqu’aux limites territoriales du village. Une cartographie des sols est réalisée à l’aide des relevés réalisés sur le terrain.
  • Lors de l’identification des types de sols, les pédologues vérifient la pertinence des techniques culturales mises en œuvre lors de la campagne agricole 2015. Ils constatent les techniques culturales utilisées pour cultiver. Ils posent des questions aux cultivateurs rencontrés afin de déterminer leur niveau de connaissances dans le domaine agricole.
  • L’emplacement des latrines est déterminé en fonction de l’implantation des bâtiments de l’école en tenant compte des contraintes géographiques et climatiques.

IV Visite de la délégation de l’école primaire de Kiendsom à Koassanga :

La délégation de Kiendsom est composée de 9 membres : le Directeur de l’école, 2 enseignants, d’un représentant de l’AME (association des mères des élèves), d’un représentant de l’APE (association des parents d’élèves), 3 élèves  et 1 représentant du COGES (comite de gestion des écoles) et le chargé du Parrainage de Alliance Missionnaire Internationale Burkina. La délégation est arrivée le 28 octobre et est repartie le 31 octobre 2015.



Un cultivateur présente à la délégation sa récolte de niébé (haricot) cultivée à l’aide des sous-produits des latrines EcoSan.

Lors de la discussion il explique que sa récolte de niébé est suffisante pour nourrir toute sa famille durant 12 mois. Il précise qu’il a d’autres champs (maïs, sorgho, mil) et qu’il est non seulement autosuffisant dans le domaine alimentaire mais dispose même d’excédents qu’il vend pour avoir des revenus supplémentaires.


Un cultivateur présente à la délégation sa récolte de sorgho, stockée dans un grenier, cultivée à l’aide des sous-produits des latrines EcoSan. Il explique qu’il n’a pas encore terminé de consommer sa récolte 2013.
Il précise l’impact de l’assainissement EcoSan sur la sécurité alimentaire de sa famille et, plus généralement, pour tout le village.

Visite de la parcelle maraîchère utilisée pour former les élèves, de l’école primaire de Koassanga, à l’utilisation des sous-produits des latrines EcoSan. Les formateurs (1 homme et 1 femme) sont présents pour expliquer le mode opératoire ainsi que l’implication des parents d’élèves pour cette activité.





V Étude des sols du village de Kiendsom :

Objet de la mission : vérifier la motivation des acteurs de terrain, déterminer la nature des sols et les possibilités de dupliquer le projet « assainissement EcoSan » dans le village :

Composition de la délégation : 2 pédologues (BUNASOLS), 2 formateurs « assainissement Ecosan », 1 expert « assainissement EcoSan ». La délégation s’est rendue à Kiendsom le 10 novembre 2015.
Sur le site maraîcher de l'école de Kiendsom
Les pédologues échangent avec le directeur de l’école primaire de Kiendsom, et l’enseignante en charge des activités maraîchères, sur les activités menées dans le domaine de l’agriculture.
Ils déterminent le type de sol afin de proposer des cultures maraîchères, pour le champ-école EcoSan, adaptée au milieu.
Le débat se poursuit sur la préparation de la pépinière.



Les pédologues constatent la présence récurrente de striga (fleur mauve sur la photo) sur de nombreux champ. Le striga est une plante parasite que l’on trouve sur les sols pauvres et qui s’attaque directement aux céréales cultivées.
Le striga diminue le rendement agricole de 30% à 70%. Les cultivateurs rencontrés ont demandé aux pédologues comment éradiquer cette plante.


Limite territoriale nord du village de Kiendsom. La couleur rouge du sol indique des sols sont ferrugineux. La cuirasse est affleurante à de nombreux endroits.




La majeure partie des sols, bien que pauvre, est adaptée à la mise en œuvre d’un programme agricole utilisant les sous-produits des latrines.



Lors des relevés de terrain, les pédologues se sont rendus sur le périmètre maraîcher du village.
Ils ont constaté que les puits busés ne permettent pas de disposer  de suffisamment d’eau pour faire de la culture maraîchère en contre-saison.


VI Conclusion de l'étude de faisabilité par I.D.C. / KOASSANGA :

L’étude a permis de vérifier la motivation des parents d’élèves et des enseignants pour la mise en œuvre d’un projet d’assainissement EcoSan public à l’école primaire de Kiendsom. Toutes les conditions préalables sont réunies pour que le projet se déroule conformément au processus préconisé par l’association Koassanga.

La sécurité alimentaire est un problème majeur qui touche la plupart des ménages du village de Kiendsom. Les sols très pauvres et les mauvaises pratiques culturales expliquent, en plus des aléas climatiques, les faibles rendements agricoles obtenus par les cultivateurs. L’étude réalisée par les pédologues a mis en évidence les forts potentiels agricoles dans le village qui ne sont, pour l’instant, pas exploités à cause du manque de connaissances des cultivateurs.

Un projet d’assainissement familial EcoSan permettra de disposer de fertilisants de qualité qui amélioreront la qualité des sols. Toutefois, il ne sera pas envisageable d’atteindre l’autosuffisance alimentaire sans une stratégie globale incluant des aménagements de sols, la production de fumure organique (fosse fumière), des formations sur les différentes techniques culturales adaptées aux différents types de sols et tenant compte des cultures.

De ce fait, nous pouvons dire que l’assainissement EcoSan est une des composantes d’un ensemble d’activités à mettre en œuvre pour que toutes les familles du village de Kiendsom soient en sécurité alimentaire.  


CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS du Bureau National de Sols (BUNASOLS)

CONCLUSION


Les sols en présence dans le périmètre maraîcher scolaire sont aptes à l’utilisation des sous-
produits des latrines sèches.


Les unités géo morphologiques 2, 3, 4, 5 et 6 présentent des sols aptes à moyennement aptes à
la réplication du projet « latrines sèche » (EcoSan) tel que mise en œuvre par l’Association KOASSANGA.

Ainsi, le terroir de Kiendsom regorge de potentialités pour la mise en œuvre
du projet « latrines sèche » (EcoSan) telle que portée par l’Association KOASSANGA.

L’objectif de mettre en sécurité alimentaire les familles qui seront bénéficiaires de latrines sèches est réaliste. 

Il faudra, en plus de l’utilisation des fertilisants issus des latrines, prévoir des aménagements tels que décrit dans ce rapport pour lutter contre l’érosion des sols.

RECOMMANDATIONS

Pour la mise en place des champs de démonstration, il est recommandé ce qui suit :

la caractérisation plus détaillée des sols en présence à travers l’ouverture de fosses
pédologiques ;

le prélèvement et l’analyse d’échantillons de sols au laboratoire ;

le prélèvement et l’analyse d’échantillons d’urines et de fèces au laboratoire ;

l’aménagement des parcelles en fonction des contraintes physiques

Commentaires

  1. En tant qu'individu qui est d'origine de cette partie de l'Afrique, je vous remercie pour tout ce que vous faites dans cette village. J'aimerais bien savoir la raison pour laquelle les gens fabriquent plus de puits buses en Afrique que les puits artésiens qui prend moins de surface. Je veux dire, il est moins dangereux et le trou prend peut-être moins de temps à forer. J'imagine peut-être que ce type de service est plus, chère, ou peut-être la pression du nappe hydrostatique n'est pas assez fort pour réaliser ceci. En tout cas, ce que vous et votre organisation fait est honorable.

    http://www.puitsbeaumont.ca/fr/puits_artesiens.html

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    1. Les puits buses ou puits à large diamètre présentent plusieurs inconvénients : tarissement à la saison sèche, pollution, danger au creusement et de chute à l'usage, profondeur et dans notre cas roche excessivement pénible à creuser (type granite en moins cassant. Le forage est préférable même s'il coûte dix fois plus cher et nécessite une pompe. Les puits artésiens concernent des nappes phréatiques assez particulières que l'on trouve rarement.

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